samedi 1 décembre 2007

La musique dans l'ame

CHAPO : À l’heure où les chansons des lolitas retentissent sur les chaînes libanaises, une poignée d’artistes de Sin El Fil tente de conserver une musique authentique.

TEXTE :

La lourde porte en fer laisse apparaître une pièce aménagée comme studio d’enregistrement. Tenue décontractée et cigarette à la bouche, Wissam Chahine, compositeur de musique est dans son élément. Le studio ne porte pas de nom ainsi que tous ceux du quartier de Sin El Fil. Les fauteuils en faux cuire font face aux affiches de concerts, fièrement mises en valeur. Une guitare désaccordée fait remarquer le matériel plutôt ancien, le jeune homme tente de rassurer : « Malgré la vieillesse de certaines machines, elles apportent une très bonne qualité de travail ». Entre les mains de trois pionniers de la musique au Liban : Khaled Sultan (ingénieur du son), Youness Aoun (manager), et Sami Gabriel (ancien chanteur de rock), le studio est une référence en matière de musique acoustique. »Nous réalisons des musiques pour des publicités, des films et bien sûr pour des artistes » réponds Khaled. Pour eux, ils n’ont rien à envier aux grands studios d’enregistrement de la capitale tels que Rotana. Tout se fait par voie informatique, seule la réputation et l’argent changent. « Evidemment nous rêvons tous de composer une musique pour des dizaines de musiciens avec leurs instruments mais cela coûte trop cher, c’est pourquoi l’informatique vient les remplacer ». C’est en puristes de la musique arabe que les quatre hommes ont crée leur propre univers à l’écart des musiques à la mode. Entre quelques mélodies au piano et une retouche sur l’ordinateur, l’un d’eux lance : « Pour moi, le meilleur parmi le moins pire est de composer des musiques religieuses plutôt que de soutenir les chansons de Hayfa ». Corrompus par l’argent, les grands studios d’enregistrements ont vendu leur âme au diable d’après eux. « Nous travaillons tous les jours pour 600 à 1000$/mois, eux ne se bougent pas beaucoup et sont payés 10 000$ le mois ». Chaque jour, les chansons de Hayfa, Dina ou Maria passent en boucle sur les chaînes de musique libanaises Une musique devenue commerciale et « pourrie » aux yeux de ces marginaux : « Les gros studios d’enregistrements au Liban ne font pas de la musique pour le plaisir de la musique mais uniquement pour l’argent .Je refuse de collaborer avec eux » réplique Wissam. Une musique presque identique à chaque nouveau tube, c’est le moyen pour distraire les auditeurs libanais. Ici, ce sont les nouveaux artistes qui n’ont pas encore développé leur talent qui intéressent les quatre hommes, ceux qui n’ont aucune connaissance en musique « les artistes viennent avec leurs lyrics et nous leur proposons une musique, s’ils sont vrais avec la musique alors on dépensera toute notre énergie pour eux ».Tout le matériel provient de leurs achats personnels, le squelette de deux baffles sert de table et les bouteilles de Mc Gregor et Vodka sont préparées pour l’ambiance. Un jeune homme fait son apparition, ils s’appelle Philippe, il fait partie de la nouvelle génération d’artistes « Ils ont cru en moi et en ma musique, aujourd’hui je me fais connaître petit à petit » confie le jeune chanteur. Dans un sourire, Wissam affirme effrayer Rotana et MTV « si nous travaillons de manière commerciale, je pense que nous leur serons des concurrents directs ». C’est dans leur vie personnelle et la situation au Liban que ces artistes trouvent inspiration. Des sons violent accolés à des bruits de la nature : la définition du Liban d’après eux. « Nous avons passé toute notre vie à entendre des bruits de bombes, mais il y avait aussi des moments calmes. On ressent cette contradiction du Liban dans nos musiques ». Dans le futur, ils espèrent trouver une place où développer une musique selon leurs goûts, en attendant le studio résonnera toute la nuit de sons épars. Signature : Sihem Hassaini .

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Souvenirs avec Claude Guibal








Voici les quelques photos avec Claude lors de notre dernier cours au CCF.Ambiance sympa ce jour-là .