dimanche 18 novembre 2007

«Le quart de mon salaire sert à acheter du lait pour mes 4 enfants»
Aliment de Croissance

L’augmentation du prix des produits laitiers se poursuit. Depuis le mois de Juillet, cette crise mondiale se répercute localement et provoque une complication quotidienne qui vient s’ajouter aux problèmes -déjà nombreux- des Libanais.

Roula remonte les escaliers les bras chargés de sacs. Dans son petit appartement au 3ème étage, elle range ses acquisitions: le placard est maintenant plein de sacs de lait pour ses enfants. «Chaque jour je dépose les enfants à l’école et je visite 2 ou 3 supermarchés du coin, j’achète les stocks disponibles avant le changement du prix» explique-t-elle. Cet aliment, source de calcium, de vitamines et de protéines, est devenu pour Roula, comme tant d’autres « une source de soucis».

Propriétaire d’une petite épicerie, Elie Doumit écoute ses clients se plaindre ou même plaisanter sur cette augmentation importune des prix. «Cléopâtre aurait fait fortune avec sa baignoire pleine de lait !» lui lâche une jeune cliente. Son commerce n’a jamais vu une hausse de prix aussi insensée d’un produit considéré indispensable, même durant les conflits et les crises «Les produits laitiers importés ainsi que les produits locaux ne sont pas épargnés. Une hausse de 25 à 40% est notée jusqu’à maintenant».

Henry Eddé, économiste, s’exprime sur cette hausse du coût du lait au niveau international en résumant les causes:
« Une baisse de la production mondiale déterminée par 2 facteurs principaux:
la succession des incidents climatiques dans des pays à forte production agricole (Australie, Nouvelle-Zélande)
et le recul de la production laitière européenne (la vente de la viande prenant le pas)
Entraînant ainsi à une diminution ou même une absence de stock alors que la demande mondiale s’accroît de plus en plus fort»

Un accroissement de 5 à 10% parait logique, mais le marché libanais ne se tient pas à ces limites.
«Le quart de mon salaire sert à acheter du lait, du laban et du fromage» explique Ahmad, soldat. Son salaire de six cent milles livres libanaises suffisait à peine à subvenir aux besoins de ses 4 enfants de moins de 7 ans et de sa femme qui ne travaille pas. Les causes de cette inflation des prix n’intéressent pas ce jeune homme, son seul souci est de joindre les deux bouts.

D’après Kamil Mouawad, employé au ministère de l’agriculture, « le gouvernement ne pose aucun quota concernant la vente du produit, et aucun subventionnement n’est prévu» ainsi les producteurs locaux et les importateurs agencent librement le tarifs de vente des produits, profitant parfois de la situation, en attendant une solution locale à cette fièvre inflationniste incontrôlée.

Les spéculations internationales parlent d’une ascension du prix du lait. Roula se jette sur son fauteuil, elle sait très bien que ses provisions de lait ne suffiront pas « J’habite au 3e sinon j’aurai mieux fait de m’acheter une vache!»

Rédigé par Patricia Bou Jaoudé

Aucun commentaire: