lundi 26 novembre 2007

Marché du Dimanche sauveur demande à être sauvé

Au pied de la citadelle de St. Gilles dans l’ancienne Tripoli, sur la rive gauche du fleuve « Abou Aly » se trouve le « marché du dimanche ». Depuis toujours, il est pour ceux qui ne peuvent se permettre les nouveautés, et aussi ceux qui collectionnent les antiquités. Témoin de plusieurs générations. Visiteur de différents endroits. Son futur demeure inconnu.

A l’entrée du marché les vendeurs appellent à leurs marchandises et offrent leurs bons prix. C’est un jour pluvieux, mais les passants ne prêtent pas attention. Ils sont là pour choisir et acheter. Par terre, quelques vendeurs ont mis leurs articles- ramassés des vides greniers. Les non vendus trouveront la poubelle en fin de journée. Mais tout ce qui est fer ou cuivre sera vendu par kilo. Partout des garçons essayent d’éliminer l’eau de pluie cueillie par les couvertures en nylon servant à protéger les marchandises. Tout cela se mêle aux chansons à hauts décibels sortant des radiocassettes, aux cris des vendeurs, et même aux gazouillements d’oiseaux enregistrés. Un petit monde bien spécial. Il fournit tout genre de marchandises : tout ce dont une personne a besoin allant des fournitures scolaires, aux vêtements, livres, accessoires de tout genre, même des appareils électroménagers. Deux femmes en jeans portant chacune un grand cadre en bois, et un petit pin planté dans un petit sac noir, croisent Oum Imad et sa fille -en pantoufles d’été malgré la pluie et le froid qui envahit subitement. Ces dernières cherchent de quoi s’habiller pour la saison d’hiver « nous sommes déplacées du camp Naher El-Bared, et c’est d’ici qu’on peut acheter ». Les intéressés par les brocantes trouvent toujours leur besoin, Youssef Saliba vient « presque toujours pour acheter des antiques, je les trouve à un bon prix. Mais aujourd’hui je cherche un orgue. Vu la pluie, les belles choses sont cachées ».

Le souk de dimanche était connu auparavant comme le souk du vendredi. Un jour de congé pour les tripolitains. Il y a bien longtemps, il se situait « devant la Grande Mosquée Al-Mansoury, à l’entrée du « marché des bijoutiers » informe Riad Mallahieh, un de ses vendeurs. « Mon arrière grand-père parle toujours que ses parents y faisaient leur course » ajoute-t-il. Depuis, ce marché a bien connu d’autres endroits : « Annaher » sur le fleuve, puis transporté au « marché des teinturiers » « souk Addabagha » à Khan el Askar. De là, il s’est déplacé jusqu’à « Mallouleh » sur la route internalionale au nord de la ville. Puis il s’est réinstallé sur la rive gauche du fleuve « Abou Aly » ou « Annaher ». D’ici, il est menacé d’être transporté bientôt. Le vendeur Ghazi Daher, aussi chauffeur de taxi, dit « nous savons pas où nous serons demain ou le mois prochain ». De sa part, Nafez Borkoh, vendeur de pantoufles, évoque « on parle que c’est le dernier mois que nous passons ici au pied de la citadelle, et nous ne savons pas encore notre nouvelle place ».
Dans son kiosque de CD et cassettes, Riad Mallahieh, membre du comité du « marché du dimanche » réclame « à chaque fois que les habitants se plaignent de notre existence, les responsables le déplacent ». Il y a quatre ans que nous -200 kiosques et stands- sommes venus ici, alors que nous étions 800 à Mallouleh -l’entrée nord de Tripoli. C’était une place stratégique au bord de la route internationale ». Dénonçant ce fait, il lève ses deux mains vers le ciel « plus d’une famille profite de chaque kiosque ou stand, alors quel est le sort de ceux qui n’ont pas pu s’installer ici faute de la dimension de cette place ? ». Se souvenant des circonstances de ce déplacement qui ne sera point le dernier, il devient furieux en évoquant « ils voulaient nous mettre dans la bobine des ordures de la ville. Nous avons refusé cette peine de mort, soutenus par les syndicats- dont ce comité fait parti- et heureusement par le ministère de la santé ». Riad annonce que « ils » sont les responsables de la ville et refuse de les nommer.

Nafez Borkoh a comme tous les autres vendeurs un autre travail durant la semaine, c’est un ouvrier constructeur avec ses frères. « Les clients nous suivent partout. Ils viennent surtout des régions de Akkar, Sir-Dennieh, El-Koura et rarement de Tripoli » affirme-t-il. Venus pour acheter des cahiers et des crayons pour leurs enfants, Mohamad Dannaoui, chauffeur de vanette et sa femme ne peuvent pas « acheter ailleurs c’est beaucoup plus cher surtout avec trois filles. Nous venons ici à chaque fois qu’elles ont besoin de quelques choses ». La pluie commence à tomber en averse, les gens courent se réfugier dans les kiosques. D’autres ne sont point gênés. Les vendeurs recouvrent vite leurs stands. Mais un type accroupi, ne faisant guère attention à la pluie, continue sans arrêt, à la manière d’un magnétophone, son offre de trois pièces à deux milles livres libanaises.

Randa Abou Chacra

1 commentaire:

Claude a dit…

Bonjour à tous!
C'est super de pouvoir lire vos articles sur le blog: Continuez à les mettre en ligne! Je vais faire circuler l'adresse autour de moi!
Bon courage à tous pour le boulot,
je vous embrasse,
Claude